Nexus 6P en test : Huawei le meilleur allié de Google ?
Annoncé conjointement au 5X, le Nexus 6P est le smartphone Google haut de gamme et haut de forme. Grand écran de 5,7 pouces, châssis en aluminium, spécifications poussées : cemaximus Nexus n’a pas connu la même flambée des prix que le 5X. Il faut dire que le Nexus 6, qui vient de quitter le catalogue, était déjà positionné particulièrement haut pour un produit Google. Que faut-il penser de cette première collaboration entre Google et Huawei ?
Il y a un peu plus d’un an, Google annonçait une phablette, le Nexus 6, alors qu’on attendait un remplaçant au Nexus 5. Taille supérieure, style différent et prix détonnant pour la gamme Nexus, Google amorçait un changement de stratégie. Ce virage s’est ensuite confirmé avec le Nexus 5X, côté tarif, et avec ce Nexus 6P, côté taille et fabrication. Oui, c’est une première : Google a confié la réalisation de son téléphone XL au chinois Huawei.
Du sang neuf qui ne fait pas de mal et nous sort de la routine des designs de LG et Motorola. Maintenant, il est possible que tout le monde n’adhère pas à l’apparence inhabituelle du Nexus 6P, due principalement au bandeau protubérant qui coiffe le terminal.
Présentation du Nexus 6P
Par souci de transparence, nous devons préciser que le premier Nexus 6P reçu à la rédaction était dans un sale état : rayures sur la coque, chanfreins bosselés, éclats de peinture… Nous ne savons pas si ce sont nos prédécesseurs qui l’ont particulièrement maltraité ou si c’est le smartphone qui est fragile, mais en tout cas, ce vieillissement accéléré nous conduit à vous déconseiller la version noire. La peinture en surface marque terriblement. Et plus globalement, le téléphone est salissant (traces de doigts).
Cette impression se retrouve dans l’intégration standard de l’écran : il occupe 70 % de la façade du téléphone, une proportion quelconque, dans la moyenne. Pour autant est-il bon ? Il s’agit d’une dalle Super AMOLED de 5,7 pouces, en 2 536 x 1 440 pixels : l’affichage est fortement résolu (518 ppp) et infiniment contrasté (point blanc à 374 cd/m² au maximum avec un point noir à 0 cd/m²). Mais comme beaucoup d’écrans AMOLED – sinon tous – il exhibe une saturation excessive des couleurs et son blanc vire au bleu quand on prend de l’angle pour le contempler. Autrement dit, de face comme de côté, l’affichage n’est pas fidèle. Le blanc se révèle un peu jaune sur nos modèles, avec une température comprise entre 6 100 et 6 200 K, le rouge tire sur l’orange. Bref, c’est un affichage chatoyant mais pas franchement précis.
Déçu ? Oui, avant de découvrir que Google propose un mode d’affichage sRGB tapi dans les Options pour les développeurs, un menu qui, pour mémoire, est caché et qu’il faut activer en tapotant maintes fois sur le numéro de build, dans le menu À propos du téléphone des Paramètres. Vous trouvez cela pas simple ? Nous aussi. Sur notre modèle, ça ne change rien à la balance des blancs, ni à la façon dont elle vire au bleu quand on prend de l’angle. Non, en revanche les couleurs ultra saturées déplorées plus haut deviennent alors plus réalistes. Un très bon point donc, qui rappelle le mode photo du Galaxy S6 de Samsung.
Poursuivons ce tour d’horizon sur la tranche droite du téléphone (écran face à nous), où se situent les commandes de volume et le bouton marche/arrêt, qui ont été descendus pour rester accessibles malgré la taille du terminal. Elles sont bien rigides et produisent un clic sec et rassurant. La prise jack se trouve sur le dessus du téléphone, la trappe à carte nano SIM, sur l’autre tranche. A ce sujet, nous nous étonnons de découvrir une glissière assez grande pour accueillir deux nano SIM ou une nano SIM et une microSD, mais qui est « remplie » de sorte à ne laisser de la place que pour une nano SIM.
Huawei a opté pour un connecteur de type-C et, à l’instar du Nexus 5X, le câble fourni est un double type-C. Cela signifie qu’à défaut de disposer de cette connectique sur votre ordinateur, il vous faudra un adaptateur ou câble type-C vers le type A mâle standard. Google vend le sien à 15 euros sur son site, on en trouve pour deux fois moins cher sur le net.
Autre signe distinctif du Nexus 6P : le capteur biométrique Nexus Imprint. C’est le même composant que sur le Nexus 5X, implémenté de manière identique dans le dos du produit. On déverrouille donc à l’index, possiblement au majeur. Là, le téléphone étant plus grand, on a parfois l’impression qu’on est en train de poser le doigt sur l’objectif photo.
Reste à mentionner la section audio. On distingue deux ouïes en façade, et contrairement au cas du Nexus 5X, il s’agit ici de deux véritables haut-parleurs. Le bénéfice est direct : le Nexus 6P libère 84,4 dB sur notre test habituel, avec un son relativement chaleureux et propre pour écouter de la musique. Attention, l’adverbe de la proposition précédente a toute son importance : nous parlons bien ici de musique émanant d’un téléphone… La prise jack aussi s’en sort mieux que sur le Nexus 5X. Sans fournir autant de jus que celle d’une OnePlus 2, elle alimentera la grande majorité des casques nomades sans encombre. Pour résumer, Huawei est plus mélomane que LG.
Performances et autonomie
Le Nexus 6P embarque le deuxième SoC le plus évolué du fondeur Qualcomm, le Snapdragon 810 v2.1, dont la cadence reste fixée à 2,0 GHz, alors que la même révision sur le OnePlus 2 est sous-cadencée à 1,8 GHz. Les résultats sur les applications de benchmark sont tout à fait raccord avec ce qu’on pouvait anticiper.
Le Nexus 6P se positionne un peu au-dessus du OnePlus 2, mais aussi, du Nexus 6 et son Snapdragon 805. Seul l’Exynos 7420 du Galaxy S6 de Samsung fait mieux sur la partie CPU, son GPU restant en retrait. Bref, le Nexus 6P a bien plus de puissance sous le capot que vous n’en aurez besoin.
Nous avons pour l’occasion expérimenté le nouveau test Sling Shot de 3D Mark, en OpenGL ES 3.1 avec rendu en 2 560 x 1 440 pixels puis en 1 920 x 1 080 pixels sur quatre smartphones : les QHD Nexus 6, Nexus 6P et Galaxy S6, ainsi que le Full HD OnePlus 2. Verdict ?
Quand il s’agit de comparer les prestations en tenant compte de la résolution d’affichage – ce qui n’est pas le cas du bench Ice Storm Unlimited effectué en offscreen – le Nexus 6P survole assez nettement la concurrence. Sur un rendu en résolution native, comme sur un upscaling depuis du 1080p. Dans ce cas de figure, le OnePlus 2, qui tourne alors en résolution native, s’en sort plutôt bien, mieux que le Nexus 6 ou le Galaxy S6. Le SoC Exynos maison de Samsung montre ses limites côté GPU mais il confirme l’excellence de sa partie CPU sur les tests Physics du test Sling Shot : le S6 délivre alors plus de FPS qu’un Nexus 6P. Reste que le Snapdragon 810 du smartphone Huawei est vraiment bien maîtrisé, tout en chauffant un peu moins que sur le OnePlus 2. Logiquement, le OnePlus 2 s’écroule sur le rendu en 1440p qu’il doit ensuite mettre à l’échelle inférieure pour son affichage Full HD.
Reste à jauger l’autonomie, question cruciale pour un smartphone en général et plus encore peut-être pour une phablette supposée servir à la fois de smartphone et de tablette. Huawei a réussi à loger dans son Nexus une imposante batterie de 3 450 mAh, malgré la relative finesse du châssis. Que dit le test d’autonomie de PCMark ? Il nous affiche le même résultat à peu de chose près que sur le Nexus 5X : 7 h 03 (versus 7 h 16). C’est très correct, notamment si on extrapole ce score à un usage plus modéré. En tablant sur les économies apportées par l’écran AMOLED dans les affichages noirs ou encore sur la bonne gestion de la veille par Android 6.0, on peut approcher les deux jours. Mais si le smartphone se substitue à une tablette, l’autonomie risque alors d’être juste. Bon point en revanche : le Nexus 6P est compatible avec la recharge rapide. On passe par exemple du tiers à la moitié de la charge en 20 minutes.
Conclusion
Qui envisage d’acquérir une phablette devra dorénavant considérer le Nexus 6P. Huawei, en partenariat avec Google, a réussi à produire un smartphone bien construit avec un design original. Le constructeur chinois a également veillé à assurer des performances de premier ordre, avec un Snapdragon 810 plutôt bien apprivoisé, malgré une fougue sur laquelle d’autres se sont déjà cassé les dents, du moins en partie. L’écran Super AMOLED, pièce maîtresse sur une phablette, n’est pas parfait (dérive colorimétrique vu de côté) mais il s’approche de l’état de grâce : contraste infini, définition QHD et colorimétrie réaliste de face, moyennant l’activation du réglage sRGB que Google est allé enterrer dans les options pour les développeurs, pour une raison qui nous échappe. Pour un usage photo, on préfère encore les dalles IPS, mais il faut bien dire que cet AMOLED nous fait de l’œil.
En photo d’ailleurs, le Nexus 6P reprend l’excellente formule CMOS Sony IMX377 et optique piquée de son petit frère 5X. L’APN est réactif et fiable, il produit de belles images et vidéos, même si une stabilisation n’aurait pas été un luxe. La section audio (haut-parleurs et prise casque) est correcte, tout comme l’autonomie, le capteur biométrique Nexus Imprint se révèle toujours être un bonheur au quotidien. Enfin, on apprécie l’environnement logiciel qui ne s’embarrasse pas de superflu.
Si le Nexus 6P détrône aisément le Nexus 6 et se montre à la hauteur de la concurrence plus récente, il reste un peu grand pour quelqu’un qui voudrait juste un smartphone performant, voire un Google Phone, mais pas forcément une phablette : une diagonale de 5,7 pouces constitue difficilement une caractéristique anodine, d’autant que Huawei ne s’est pas spécialement creusé la tête pour optimiser son intégration. Par ailleurs, l’heureux possesseur d’un Nexus 6P grimacera le temps de se déposséder de 649 à 799 euros selon la capacité de stockage voulue. Le tarif n’a pas changé par rapport au Nexus 6 en 32 Go mais ce dernier nous avait déjà estomaqué à l’époque, donc il n’y a pas de raison que cela change aujourd’hui. Même en restant chez Huawei, on trouve des alternatives bien dotées et deux fois moins chères (un GX8 par exemple).
Reste enfin en suspens la question de la solidité réelle du smartphone. Notre modèle de test est visiblement passé par des mains peu soigneuses – voire franchement négligentes – avant d’arriver à la rédaction, mais tout de même : on a eu l’impression de voir un iPhone 5 utilisé depuis un an. Dans le doute, évitez au moins la version noire, dont la peinture semble fragile.